Le moment d’acquisition du langage en autisme peut influencer la nature des intérêts intenses, les perceptions de la parole catégorielle et visuelle

Projet réalisé dans le cadre de la Thèse de Doctorat de Liliane Chiodo. Le projet a été débuté en 2016 et se terminera en 2020.

Pour plus d'information: lchiodo@uliege.be

Résumé du projet

Ce travail de thèse se décline en quatre études. Une première étude a réalisé une comparaison entre l'autisme sans retard d’apparition de parole et inversement, avec maîtrise précoce de la parole afin de mieux connaître la nature précise des intérêts spécifiques qui caractérisent les adultes avec autisme. Cette étude a testé l'hypothèse selon laquelle le retard de parole ou, inversement, la maîtrise précoce de parole oriente la nature et les rapports verbaux des intérêts autistiques des adultes. L'apparition de descripteurs à priori définis pour les dimensions perceptives et thématiques a été déterminée, ainsi que la fonction perçue et les avantages, dans les réponses des personnes avec autisme à une interview semi-structurée sur leurs intenses intérêts.

Les études suivantes s’intéresseront aux facteurs qui pourraient différencier le retard ou non de parole dans le TSA. Ainsi, l’étude 2 a comparé les spécificités visuelles dans l’autisme sans retard de langage (ASRL) à l’autisme avec retard de langage (ARL). L’objectif visé à travers les tâches passées consistait à vérifier dans quelle mesure la perception visuelle globale ou locale (tâches de correspondances visuelles), accompagnée de distracteurs (tâche de recherches visuelles) favorisait la rétention d’information (tâche de mémoire visuelle à long terme). Nous avions émis l’hypothèse que les ARL seraient plus performants dans les tâches de perceptions visuelles que les ASRL et ce, en fonction de leur rendement supérieur sur le sous-test monoblocs de Wechsler, ce qui suggère une efficience en pic visuospatial. Les groupes (ASRL, ARL et contrôles) n'ont montré aucun déficit dans la construction des représentations globales. Les réponses étaient plus précises et plus rapides pour les conditions simples que pour les conditions conjonctives (structure et orientation), ainsi que pour la condition avec le plus petit nombre de distracteurs. La différence entre ASRL, ARL et les contrôles était marquée en termes de temps de réaction. Dans la tâche de correspondance visuelle, le groupe ARL était plus lent par rapport au groupe témoin. Le groupe ASRL a obtenu plus de réponses correctes dans la mémoire visuelle à long terme et pour cette tâche, les temps de réponse pour le groupe ARL étaient plus rapides par rapport aux ASRL et aux groupes témoins concernant la mémoire visuelle à long terme. Les performances typiques des autistes dans les tâches nécessitant un traitement global ne correspondent pas à l'hypothèse de faible cohérence centrale induite par le déficit mondial (Frith, 2003; Happe´ et Frith, 2006).

Le but de l’étude 3 était d'étudier l'influence des connaissances linguistiques antérieures, sous la forme de connaissances catégorielles phonémiques, sur la perception de la parole chez des adultes atteints d'un TSA. Comme les connaissances catégoriques phonémiques sont façonnées par l'expérience et les capacités linguistiques, nous avons en outre distingué les participants TSA avec (ARL) ou sans antécédent de retard de parole (ASRL); le groupe contrôle était composé d'individus typiques appariés à l'âge, l'intelligence non verbale et les capacités de lecture. Nous avons également contrôlé l'influence des capacités de rétention à court terme auditives et verbales en administrant des tâches de répétitions de listes de mots et de non-mots. Nous n'avons pas observé d'influence réduite des connaissances phonémiques antérieures sur la perception des stimuli de la parole ni d'augmentation des capacités de perception pour les variantes atypiques des stimuli de la parole ou des stimuli auditifs autres que de la parole, ni entre les deux groupes autistes, ni par rapport au groupe témoin. Les capacités de mémoire à court terme semblaient être supérieures dans le groupe ASRL par rapport aux groupes ARL et contrôle, mais cette force pourrait être expliquée par leur connaissance plus approfondie du vocabulaire. La préservation de la perception catégorielle chez les adultes autistes verbaux observée dans cette étude met au défi les modèles affirmant une influence réduite des connaissances antérieures sur la perception dans plusieurs domaines des Troubles du Spectre de l’autisme.

L’étude 4 a repris les mêmes conditions et hypothèses que l’étude 3 afin de les vérifier auprès d’enfants avec TSA. Des résultats similaires à l’étude 3 ont été rapportés. 

Équipe de recherche

  
Étudiante responsableLiliane Chiodo, psychologueUniversité de Liège
DirecteurSteve Majerus, Ph. D.Université de Liège
Co-directeurLaurent Mottron, M.D., Ph. D.Université de Montréal